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Régression, Répression, Renaissance

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2015 : Annus Horribilis.

Depuis une quinzaine d’années, le monde est rentré en régression. Nous sommes dans une guerre qui ne dit pas son nom. Cette guerre n’est pas celle contre l’État Islamique et le terrorisme ; c’est une guerre menée par le populisme contre l’humanisme.

Toute communauté a ses extrémistes: les arabes, les juifs, les français, les américains, les ingénieurs, les politiques, les consultants comme les coiffeurs. C’est une loi de la vie. Dans un monde de paix, chaque communauté régule ses propres extrémistes. Dans un monde de guerre, chaque communauté non seulement nie ses propres extrémistes, mais excite les extrémistes des autres camps.

Le monde aujourd’hui est devenu psycho-rigide, paradoxalement à cause de la crainte collective de se voir accusé d’être extrémiste. Les mots doivent être soigneusement pesés, les actions doivent être encore plus que réfléchies, et ce quasiment dès la classe de maternelle. En agissant ainsi, nous sommes de facto rentrés dans l’extrémisme de la normalité.

L’objectif de cette normalité est connue et décrite : il s’agit d’une prise de contrôle des individus par l’institution. La morale nous dit de faire ceci et pas cela. L’éthique nous enseigne comment décider de nos propres actions à tout moment, dans chaque contexte de notre vie. Nous sommes dans un mode et un monde hyper moralisateur, d’où l’éthique est bannie. Cela signifie un modèle centralisateur, mais où la puissance tourne à la violence; où l’autorité se transforme en fermeté, puis en répression.

Une hiérarchie a besoin, pour fonctionner, de gens obéissants. Une communauté, de gens intelligents. Si le peuple ne veut plus de modèles hiérarchiques et centralisateurs, les gouvernants, tant politiques que manageurs, empêchent de toutes leur force le changement de modèle, par crainte de voir leurs privilèges tomber, par peur de l’inconnu, et par désir de contrôle et donc de répression. Oui, le monde est actuellement largement gouverné par la peur, ce qui est la pire des catastrophes. La seule peur à avoir est celle de sa propre peur ; car la peur engendre le populisme qui, à son tour, finit par engendrer le fascisme. De la régression, nous passons alors à la répression : l’article 20 de la loi de la programmation militaire souhaite ouvrir la porte à la lecture sans contrôle de vos emails. La NSA surveille maintenant tranquillement le monde entier, même les chefs d’état. Nous entrons dans le monde de 1984, et il faudra sans doute peu de temps avant de nous retrouver dans Fahrenheit 451.

La crise se glisse, dit Gramsci, dans l’interstice entre l’ancien qui refuse de mourir et le nouveau qui n’a pas le droit de naître. Sans aller jusque l’extrémisme de l’extrême, Gramsci dit en filigrane que toute innovation commence par une désobéissance.

Cette désobéissance est salutaire : elle seule peut nous faire entrer vraiment dans la Renaissance numérique.

Citons un exemple parmi tant d’autres : Uber Pop, qui proposait à quasiment n’importe quel individu porteur d’un permis de conduire de devenir chauffeur occasionnel. Cette extraordinaire innovation sociale a semble-t-il eu deux impacts positifs. Le premier est qu’il a augmenté les taux de réussite aux partiels, puisqu’il permet aux étudiants de maîtriser leurs horaires de travail, et de ne plus être forcé de travailler uniquement le soir dans un Macdo ou equivalent, justement à l’heure où ils doivent réviser. Le second est qu’il aurait baissé la vente de drogue dans les banlieues en offrant une alternative de revenus plus confortable. Sous la pression des chauffeurs de taxis, une caste plutôt rétrograde dont les extrémistes sont très violents, le gouvernement a tué dans l’oeuf cette innovation sociale, pourtant porteuse emblématique d’un choc de simplicité. Il aurait pu, a minima, la tester. Mais, menés par la peur, notre gouvernement a cédé à ce qui ressemble à un chantage terroriste. La seule solution qui reste alors est de désobéir, de continuer de faire du Uber Pop où de l’équivalent.

Quand j’observe les clients face aux marques, les salariés face aux manageurs, les citoyens face aux politiques, je vois toujours le même triptyque : fun, engagement, collaboration. La tristesse et le sérieux n’ont plus la cote. Le peuple veut prendre la main. Et il a compris, bien mieux que nos gouvernants, que ce n’est que collectivement que l’on gagne. Ces trois piliers sont les prémisses de la construction de la noosphère, la sphère des idées interconnectés, de Pierre Teilhard de Chardin.

Seul le savoir en réseau nous permettra de résoudre tous les problèmes actuels de notre planète. Le numérique en est son outil. Le fait que les gouvernements veulent contrôler, voir bloquer le numérique, est le signe de leur faiblesse et de leur peur. Leur combat est arriéré ; ils finiront par perdre. L’histoire portera à leur crédit la régression et la répression. La Renaissance numérique viendra du peuple.

C’est mon voeu le plus cher pour 2016.

reseau-ptdc

 

 

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